POÈMES :

 

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S'EXILER

 

A Jacqueline et Papi C.

 

 

 

Lorsqu'un Corse s'exile

part pour vivre ailleurs

 

Il voudrait nous faire croire

 

 

Que quand il quitte son île

sa terre, son village, ses racines

 

Il est au désespoir

 

 

 

 

 

Mais en fait il jubile

il a une joie intérieure

 

Et c'est rempli d'espoir

 

 

Qu'il se choisit une ville

 

 

Comme sûr échappatoire

 

 

 

 

 

Car la Corse immobile

toujours les mêmes problèmes

 

N'est qu'une sombre mâchoire

 

 

Où il faut vivre servile

esclave, non libre

 

A moins d'être mouton noir

tenu à l'écart

 

 

 

 

Sur cette terre en péril

 

 

A perte de mémoire

 

 

Tout est cousu de fil

cousu de fil blanc : facile à démasquer

 

Etre libre est accessoire

 

 

 

 

 

Familles malhabiles

Indivisions, obéissance, reproches...

 

Vils clans maffias pouvoirs

vils : qui inspirent le mépris

 

Economie stérile

qui ne produit pas grand chose

 

Servent de repoussoir

 

 

 

 

 

A l'été volatil

qui ne dure pas

 

Vient l'heure de se revoir

 

 

Il souhaite vivre tranquille

 

 

Et ne veut rien savoir

 

 

 

 

 

Il lui semble moins futile

moins bête, plus intéressant

 

D'aimer son territoire

de profiter des paysages et du soleil

 

Sa belle automobile

 

 

Devient observatoire

 

 

 

 

 

Et parfois plus subtil

fin, futé

 

Pour éviter de voir

 

 

Il élit domicile

 

 

Au plus loin des regards

La jalousie est le venin le plus puissant de la Corse.

 

 

 

 

Sur une côte asile

(Chaque Corse a "son village" dans la montagne.)

 

Il construit son manoir

sa villa à la plage

 

Et loin des projectiles

jalousies, réflexions, voir plus bruyant…

 

Il bronze dans son boudoir

 

 

 

 

 

Ou vit d'autres idylles

se marie et habite ailleurs

 

Dans de nouveaux terroirs

des terres moins hostiles

 

Pour ne plus faire de bile

ne plus se faire de soucis

 

Dans cette folie sans gloire

 

 

 

 

 

De leurs racines dans l'île

 

 

Ses fils n'auront à voir

 

 

Qu'une photo dans une pile

 

 

Tout au fond d'un tiroir

 

 

 

 

 

De longues années défilent

 

 

Sans son réquisitoire

son appel à ce que la loi s'applique

 

La Corse qui reste débile

sans vigueur, faible, démoralisante

 

Poursuit son purgatoire

sa période d'épreuves pour atteindre la perfection

 

 

 

 

Si un jour se profile

survient

 

Une mort péremptoire

brusque, obsèques où il est obligatoire de se rendre

 

Au cimetière fébrile

agité, impatient

 

Il daigne bien échoir

venir

 

 

 

 

Il y retrouve docile

obéissant, soumis

 

Ceux qu'il n'aimait plus voir

 

 

Quelques paroles futiles

sans intérêt

 

Et puis « Allez au revoir »

 

 

 

 

 

La fuite ou bien l'exil

 

 

N'amènent que des déboires

des déceptions, des échecs amers

 

Il serait plus viril

au sens courageux pour faire naître

 

D'avoir d'autres exutoires

moyens de se débarrasser de ce qui fait souffrir

 

 

 

 

Dire non est difficile

 

 

Mais qu'il semble illusoire

imaginaire, impossible

 

Si nul fronce les sourcils

si personne ne bouge

 

Que naisse une Corse moins noire

 

 

 

 

 

10/03/05

 

 

 

 

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