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AMPAZA

 

À Antoinette G.

 

Dès que le soleil sonne
Au dessus d’Azilone
Le voici qui inonde
Mon pays et mon monde

J’y ai vécu petit
Et tous les vieux m’ont dit
Ses peines et ses joies
Enfouies au fond de moi

Dans son écrin de chênes
Tous ses chemins me mènent
Vers des traces du passé
Maintenant menacées

Chaque arbre et chaque pierre
Que j’ai connus hier
Me rappellent aujourd’hui
Ce qui est dans la nuit

Des maisons de granit
Dans lesquelles on habite
Ne sortent plus les bruits
Qui sentaient bon la vie

Trop de volets sont clos
Même quand vient le temps chaud
Et l’hiver revenu
Trop de toits ne fument plus

Les champs abandonnés
Par le maquis gagnés
Et les oliveraies
Par les chênes étouffés

Et les fiers châtaigniers
De maladie rongés
Et les arbres fruitiers
Que le froid a gelés

Et les tombes oubliées
Plus jamais visitées
Et leurs croix renversées
Signent la ruine du passé

Mais petit à petit
Renaît un peu la vie
Dans le lotissement
S’installent de nouvelles gens

Reviennent du continent
Des familles pour longtemps
Et l’on entend les cris
Que poussent les petits

La vie à Ajaccio
Et ses loyers trop hauts
Les routes améliorées
Incitent à remonter

De nombreux citadins
Délaissent l’air marin
Pour retrouver racines
Repos calme et bonne mine

Beaucoup de retraités
Leur maison retapée
Prolongent un peu l’été
Et arrivent dès mai

Les ruines sont rachetées
Peu à peu restaurées
Et dans très peu d’années
Elles seront recherchées

Ampaza mon village
Tu vis entre deux âges
Et à présent je sens
Ton lent frémissement

Dans ce monde les distances
N’ont plus le même sens
Et puis communiquer
N’est plus si compliqué

Je t’ai vu disparaître
Et je te sens renaître
Tes élus t’embellissent
Tes blessures se guérissent

Chacun de son côté
S’applique à ta beauté
Ton église est sauvée
La nuit brille ton clocher

« Le lieu de bon repos »
Ampaza en un mot
Tu l’as toujours été
Et tu veux le rester

Ampaza le 09/02/05

 

 

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