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L’APPARTEMENT
DE MON ENFANCE

 

Je me souviens de bouts d’enfance,
Dans ce très bel appartement,
A Constantine, plein de souffrances,
Dont on me taisait les tourments.

Quand il m’arrive que j’y repense,
Je l’imagine clair, opulent,
Avec une terrasse, ah ! quelle chance !
Où je jouais des heures durant.

Pour protéger mon innocence,
De mes deux yeux ciels bleus d’enfant,
Je le trouvais plutôt immense
Mais, en fait, l’était-il vraiment ?

Je partageais mes somnolences,
Avec mes deux frérots plus grands
Et encombrais de turbulences
Son long couloir, par temps méchant.

Après sept années de démence,
Quand survinrent les accords d’Evian,
En se rendant à l’évidence,
Nous quittâmes donc ce continent.

En détalant vers l’Ile de France,
Dans un réduit d’un autre temps,
Je compris, très vite, l’abondance
Dont j’avais profité avant.

Pas de terrasse pour faire bombance,
De vieux murs gris comme firmament,
A l’étage le WC méfiance…
C’était la crise du logement.

Fini le temps de l’insouciance
Et puis, toutes les lunes, les relents
Des regrets et désespérances
Qui assaillaient mes deux parents.

J’en garde, à vie, la souvenance
D’un lieu maudit pour un enfant ;
Seul, j’en trouvais la délivrance,
Sur mon vélo, en le fuyant.

Voilà pourquoi j’ai l’attirance
D’un jour revoir l’appartement
Où je fus heureux, loin de France
Et où mes parents s’aimaient tant !

 

17/03/06 et 15/02/11

 

 

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