SUR LE PORT D'AJACCIO

À Aline W. G.

Sur les quais d’Ajaccio,

Quand se couche le soleil,

A l’heure où le cargo

Klaxonne et appareille,

Lorsqu’il fait bien moins chaud,

Sort un essaim d’abeilles

Qui chérit l’été beau

Aux douces soirées de veille.

Déjà le phare, là-haut,

Sur la jetée, surveille

Les tout derniers bateaux

Voulant trouver sommeil

Et, de loin, ses halos

Aux touristes conseillent

La terrasse d’un bistrot

Pour vider ses bouteilles.

Voiliers, barques et vaisseaux,

En baillant aux corneilles,

S’ennuient, seuls, sur leur eau

En tanguant comme sur treille.

Mais où dansent les lingots,

Ces beaux yachts qui asseyent,

S’ébaudissent les badauds

Surpris par tant d’oseille.

Parfois, de leurs flambeaux,

Des restaurants s’égayent

Quand d’autres, fortissimo,

Des musiciens se payent.

Bientôt, l’imbroglio

Des tentes et des corbeilles

Des commerces pour nigauds

Encombre quais et ville vieille.

Tandis que des autos,

Sans bouger d’un orteil,

En tintant leurs grelots,

De se garer essayent,

Je délaisse ce tableau

Qui me casse les oreilles

Et fuis tous ses échos

Pour suivre une autre merveille :

Je retrouve, près de l’eau,

La lune qui, sans pareil,

Veut tapisser d’émaux

La mer, à son réveil.

Ampaza le 30/07/05