DANS LES LATRINES DU TEMPS

Lentement j’élimine, dans de vilaines latrines,

Des douleurs intestines qui me sapent en sourdine.

Dans mon passé en ruines, tant parsemé de mines,

Je recherche l’origine de l’angoisse qui m’échine.

Mais ce que j’imagine encore plus m’assassine

Et toujours plus m’incline aux pleurs de ma poitrine.

Au fond de ma piscine où toutes mes pluies salines

Peu à peu dégoulinent, esseulé, je marine.

Madame la médecine veut scruter les ravines

De mon pauvre cœur qui bruine et me met sous morphine ;

Tout plein de discipline, j’accepte qu’elle détermine

Où se cachent les racines du mal qui me calcine.

Et si cette trace coquine, piquante comme une épine,

Etait douceur divine voulant que je m’incline

Pour qu’enfin je devine combien elle me câline ?

Alors, de mes latrines, fleuriraient des glycines !

24/01/05  et 13/05/07