LES CHIENS DE JÉRÔME

À Jérôme O.

Dessous chez moi, dans le chemin,

Habitent quatre chiens que j’aime beaucoup.

Ils sont à Jérôme, mon cousin,

Et à ceux qui caressent leur cou.

Quand dans mon village je reviens,

Ils me font fêtes et câlins fous

Qui aussitôt retissent les liens

Qui nous rendront l’été si doux.

Le chef de meute se nomme Kouros :

Grand, roux, setter-pointer de race,

Toujours très calme et peu féroce,

Dont Jérôme se sert pour la chasse.

Voilà onze ans qu’ils firent leur noce,

Sa moustache blanche en montre la trace ;

Il suit son maître à toutes les sauces,

Sauf quand, couché, il se prélasse.

Dès que le temps se fait atroce,

Vite, dans sa niche, il cache sa face

Et, comme tous seigneurs, roule carrosse,

A l’arrière du Quatre-Quatre, sa place.

Les trois autres chiens n’ont pas de nom,

N’étant pas utile d’en donner

Car leur métier, c’est les moutons

Qu’ils ne doivent pas abandonner.

Tout blanc, telles les brebis, ils sont,

Comme le sont les chiens de berger

Et n’obéissent seulement qu’aux sons

Des sifflements assermentés.

Deux sont des filles et l’autre garçon

Qui fut castré pour son métier

Et qui, l’hiver, porte les poils longs

Puis tout rasés quand vient l’été.

Les apprivoiser me fut long

Car, petits, on les attachait

Près du troupeau, non sans raison,

Pour pouvoir les habituer.

Comme ils connaissent bien leurs leçons,

Ils vivent heureux, en liberté,

Et, à présent, profitent, sans façon,

De mes caresses à satiété.

Et, quand je sors de la maison,

Leurs queues se mettent à remuer :

Ils m’expriment, ainsi, leur passion,

Par ces saluts insinués.

Ampaza le 25/07/05